La vie dans les camps : une jeune fille confesse !

12 janvier 2010, un séisme ravage Haïti, particulièrement Port-au-Prince. Les pertes en vies humaines et en immobiliers se comptent par centaines de milliers. Pour plus d'un, c'est la fin de la vie telle qu'ils l'ont toujours connue. Mais alors que certains se laissent lier pieds et mains par la peur, d'autres, une fois la surprise passée, essaient de vivre cela comme une expérience unique dont il faut profiter pleinement.
4h 53 p.m., Roberta est à mi-chemin entre le travail et la maison, quand la première secousse ''vibre'' Haïti. Ayant vu récemment le film 2012, Roberta est déjà au parfum de ce qui se passe, surtout quand cet immeuble de 6 étages s'effondre sous ses yeux. Un tremblement de terre, pas de doute. Elle panique premièrement et tremble pour les siens qui étaient tous à la maison à cette heure. Dieu merci, une fois arrivée devant les décombres de sa demeure, sa famille au complet est sauve...à l'exception d'une tante et d'un cousin coincés au rez-de-chaussée dans un atelier de cercueils. Ironie du sort, ils sont 8 à y laisser leur vie, sans pouvoir bénéficier d'un de ces cercueils qu'ils fabriquaient.
Roberta et le reste de sa famille se dirigent vers leur autre maison - encore debout heureusement- située à Fontamara, soit à 1h de marche. Il lui faut deux jours à Roberta pour se remettre du choc. Le jeudi d'après, elle met le nez dehors et va s'assurer que ses amis, voisins et connaissances vont bien, mais surtout pour constater les dégâts dans sa maison fissurée. Une semaine plus tard, elle commence à faire le tour des camps d'hébergement. Elle se rend premièrement au Collège Lamartinière sis à Bois Verna, mais là, impossible pour elle de dormir car l'imagination de la population se débride. Les gens effrayés disent entendre des
cris d'oiseaux lugubres la nuit et la version du loup-garou est de tous acceptée. Les spéculations vont bon train, et notre aventurière ne ferme pas l'oeil de la nuit. Elle laisse le camp le lendemain et se base ensuite au Collège Saint-Pierre, au Champ-de-mars.
Là, sa frayeur diminue quant à une autre secousse et au risque de tsunami, mais les histoires diaboliques pleuvent encore et c'est la panique. En effet, un jeune homme raconte avoir entendu deux chiens aboyer, mais avoir vu deux hommes en lieu et place. Curieux, toutefois les gens ne demandent qu'à croire ! Roberta lève le camp le lendemain.
La visite des camps continue. Christ-Roi : les décombres sont en grand nombre. A Pacot cependant, il y a eu beaucoup moins de dégâts constatables. Notre exploratrice fait escale près de l'université Notre Dame et y dors seule au beau milieu de la rue - du moins, c'est ce qu'elle affirme, en laissant tout de même sous entendre que cette période était une bonne occasion de se retrouver en amoureux. Bien sûr, sa mère n'est pas au courant du fait qu'elle se faisait souvent accompagner de son copain !
Au fil de ses visites, Roberta est révulsée par les conditions insalubres de vie des habitants dans certains camps : Ils mangent, se baignent, dorment et font leurs besoins au même endroit ! Cela la
pousse à intégrer le comité d'étudiants en communication de la Faculté des Sciences Humaines qui se donne pour objectif de faire passer des messages de sensibilisation sur la santé, l'environnement et les catastrophes naturelles.
Entre son copain et son bénévolat avec ses camarades étudiants, les visites de Roberta continuent, à pieds surtout car pas question qu'une secousse la surprenne en voiture, d'autant plus que les prochains
camps n'étaient pas accessibles par les quatre roues ! La Bellère, Fombrache, Chaud'eau à Fontamara 43, tous des camps où les conditions de vie des gens frisaient l'inhumanité.
A Bois Verna où elle s'est plus ou moins stabilisée, Roberta vit une expérience pas du tout intéressante la nuit du 17 au 18 février, avec une pluie d'une durée de 5h et un temps de chien. Contre toute
attente, sa tente se mit à flotter sur l'eau, lui donnant la sensation désagréable -selon elle- d'être couchée sur un matelas d'eau. Pis, à un certain moment, l'eau filtrait par les interstices des fermetures éclairs ! ''Dernier jour sous les étoiles'' se dit Roberta qui décida de dormir désormais à l'intérieur de sa maison, tout comme elle le
faisait avant ce fameux 12 janvier.
Pour Roberta, aussi stressante qu'ait pu être cette expérience, elle affirme qu'elle lui a permis de grandir, d'être plus autonome et surtout, d'apprendre à se passer de quelques conforts jadis jugés indispensables. En effet, plus d'électricité, ni de ventilation, ni aucune protection contre les moustiques. Rien. Mais être inscrite dans plusieurs camps a quand même certains avantages, comme le fait de
bénéficier de l'aide qu'on apporte aux sinistrés de chaque camp.
A quelque chose malheur est bon?

Source: LE NOUVELLISTE

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